Les Bretons savent que, par la gare (Montparnasse), ils ont un accès direct à leur région. Les rails agissent comme un cordon ombilical
Un peu d’histoire …
LES BRETONS EN RÉGION PARISIENNE
Les Bretons en région parisienne, c’est toute une histoire à travers les siècles. C’est l’industrialisation qui a surtout provoqué une forte émigration des campagnes bretonnes vers la capitale lumière. En pleine période de modernisation, les Bretons ont toutefois su jouer collectif en s’organisant au travers de multiples associations qu’elles furent catholiques ou laïques. Ces associations perdurent aujourd’hui et de nouvelles se sont créées, avec le souhait d’animer les réseaux bretons et de participer à la promotion de la Bretagne.
De manière cyclique, les médias s’intéressent à la diaspora bretonne, ses actions collectives et ses réseaux d’influence. De nombreux dossiers, des reportages et des interviews sont trouvables sur la toile …
Des origines …
L’histoire des Bretons à Paris remonte à une très ancienne époque sous des formes diverses qui se retrouvent pour certaines à la basilique de Saint Denis où l’on peut voir le gisant de Du Guesclin et le tombeau de la Reine Anne. Rappelons également que Montfort l’Amaury et Etampes faisaient partie des possessions de la Duchesse Anne. Mais la caractéristique première, c’est le peuplement breton de la région parisienne par les Bretons quittant la Bretagne et la pauvreté pour connaître un monde meilleur à Paris. Les immigrants ne possèdent pas toujours la langue française et occupent pour la majeure partie des emplois peu qualifiés comme journaliers, dans les champs pour la ceinture maraîchère de Paris comme en témoigne le nom de localités à l’instar de Montigny les Bretonneux.
Puis ce sera l’industrie avec la plaine Saint Denis, Poissy ou encore Athis Mons. Le premier arrêt du train venant de Bretagne capte beaucoup de ces Bretons émigrant en région parisienne. Enfin ils s’établissent également autour de la gare Montparnasse dans le XIVème et XVème arrondissements où ils représentent toujours une population importante. Les Bretons, nombreux, s’organisent en créant des amicales destinées à leur rappeler le pays lors de fêtes ou de banquets. Ils vont un peu plus loin en établissant des structures d’aides comme une mutualité bretonne, dont le journal du même nom sera l’organe mutualiste de placement et de défense de tous les intérêts bretons. Mais ils se rassemblent également dans des organisations plus marquées politiquement. Ainsi, Marcel Cachin, directeur de l’Humanité, fonde les Bretons Emancipés (Aujourd’hui l’Union des sociétés bretonnes d’Ile de France) , et l’Abbé Cadic crée la Paroisse Bretonne, aujourd’hui la Mission Bretonne.
Le trait commun, c’est un attachement viscéral à leur terre d’origine, la Bretagne de Nantes à Brest. Et ils vont tout mettre en œuvre pour la faire vivre à Paris. Les Dîners Celtiques qui se réunissaient autour d’Ernest Renan poursuivaient déjà les mêmes ambitions. Une évolution importante va se produire dans les années soixante avec l’apparition d’une génération d’artistes plus revendicatifs, Glenmor, Xavier Graal, vont marquer leur empreinte après que Pierre Jakez Hélias et Morvan Lebesque permettent de rompre avec l’image du Breton peu valorisante des années d’entre guerres. Et le renouveau de la culture bretonne sera initié par Alan Stivell alors Breton de Paris mais aussi Glenmor ou Gilles Servat.
Ce mouvement très vif en Bretagne avec la relance des fêtes bretonnes les festou noz et deiz qui échappent à l’aspect folklorisant offre un tremplin à la création musicale qui mêle tradition et modernité. Les Bretons de Paris dans plus d’une centaine associations en région parisienne participent à cette évolution, les danses deviennent chorégraphiées, les formations musicales s’affirment en créativité et atteignent une large reconnaissance. La Breizh Touch défile sur les Champs Elysées en 2007 et plus récemment, le Bagad de Vannes remporte le concours « La France a des talents » sur M6.
Les associations parisiennes offrent un champ d’activités très large : amicales, cercles celtiques, bagadoù, groupes de rock celtique, cours de Breton, clubs de réflexion, colloques, conférences …. Le Breton est prosélyte, il aime faire partager son amour de la Bretagne et accueille volontiers dans ses associations des Bretons de cœur provenant d’horizons différents, sans doute la mémoire d’anciens émigrants et de voyageurs affirmés, l’armée, la marine et ses navigateurs mais aussi les missionnaires. La Bretagne est tournée vers le monde, comme le déclarait le poète Saint Pol Roux: « Bretagne est univers! » et les Bretons de Paris en constituent une partie. D’ailleurs et à l’heure d’Internet, la diaspora bretonne est désormais connectée en réseaux sur toute la planète …
Références:
L’histoire de la Bretagne et des bretons, Joël Cornette éditions du seuil, Janvier 2015
Les Bretons de Paris face au concept de diaspora, En Envor, Thomas Perrono, Août 2015
L’émigration bretonne arrive sur Paris, Jules Michel Chartier, Décembre 2013
La presse des Bretons de Paris au tournant des XIXème et XXème siècles, En Envor, Thomas Perrono, Août 2015
Les Bretons de Paris et de Saint-Denis, site du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis
Les Bretons d’Ile-de-France, enquête Paris Breton / Sciences Po Paris, 2007
Les Bretons à Paris, Ed. du Rocher, Marc Tardieu, 2003
Bretons de Paris, des exilés en capitale, Didier Violain, 1997
Pour en savoir plus consulter également le site www.patrimoine-parisbreton.org